Personne n’a intérêt à sacrifier le développement de Cotonou à l’autel de querelles politiciennes
Le maire de la municipalité de Cotonou était sur l’émission le Grand rendez-vous de SOLEIL FM, dimanche dernier, soit 48 heures après la rencontre avec le chef de l’Etat. Comme on peut s’en douter, l’émission a permis à l’invité de se prononcer explicitement sur le projet « Asphaltage » et la proposition de partenariat soumise à l’appréciation des cinq maires du Grand Nokoué. Le maire Léhady Soglo n’a donc pas fait dans la langue de bois, pour donner son avis personnel sur cette rencontre inédite, saluée par tous.
Jacques SEGLA
Depuis les toutes premières heures de la décentralisation, et face aux inondations cycliques qui affectent Cotonou tous les ans, le maire Nicéphore Soglo avait déjà avoué l’incapacité de la municipalité à faire face, seule, aux défis de l’assainissement et de l’urbanisation. A l’époque, il chiffrait le coût de ces grands travaux à plus de 500 cent milliards, pour transformer Cotonou en Singapour. Voilà pourquoi, l’initiative de la particularisation du Grand Nokoué, pour un appui spécifique de l’Etat central aux communes de Cotonou, Porto-Novo, Sèmè-Kpodji, Abomey-Calavi et Ouidah, devrait être saluée par tous, surtout par le maire de Cotonou. Ce dernier devrait même revendiquer la part du lion, dans ce partenariat de développement que propose le gouvernement, au-delà des lois de la décentralisation et des réflexes politiques identitaires dont il a toujours été jaloux.
Là-dessus, le passage de l’autorité municipale de Cotonou, Léhady Soglo, sur Océan FM, 48 heures après la rencontre du chef de l’Etat avec les cinq, paraît politiquement inopportune. Si tant est que le rendez-vous sur Soleil FM était antérieur à cette rencontre inédite, le maire Léhady Soglo aurait mieux fait d’esquiver toutes les questions y afférentes au cours de l’émission. Surtout que les cinq maires concernés ont à se prononcer sur le partenariat que leur a proposé le gouvernement. Ce serait plus sain. Puisque, comme dit l’adage, « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Le développement n’a pas d’odeur. Sauf quand des esprits vils s’en servent à des fins politiciennes. Ceux qui inspirent au maire de Cotonou l’idée de décliner une offre qui ne respecterait pas les lois sur la décentralisation n’aiment pas la grande métropole, vitrine de notre pays, dont le développement ne peut concerner uniquement la municipalité, tout au moins, si l’on s’en tient aux aveux du président maire Nicéphore Soglo. Ceux-là qui, subtilement, tentent d’incliner le maire Léhady Soglo à se soustraire à l’initiative sont donc des apatrides, qui oublient que la politique générale de développement de la nation incombe, au premier chef, au gouvernement. Le gouvernement ne peut donc pas vouloir développer son programme d’actions, et une municipalité va l’en empêcher. Le prétexte d’un conflit d’attributions ne tient pas dans ce cas.
Cotonou est à la fois une municipalité et un département, c’est-à-dire, une ville gérée par un maire et un préfet. Les deux autorités devraient travailler en intelligence, et non en concurrents politiques potentiels, pour penser et conduire le développement de la ville, dans l’intérêt supérieur des populations. Elles sont condamnées à trouver la dynamique nécessaire à l’équilibre harmonieux des attributions, pour ne pas pénaliser inutilement Cotonou. Lois sur la décentralisation, d’accord ! Mais l’esprit de ces lois et le développement de Cotonou, d’abord. Que la ville soit modernisée, et devienne plus attrayante et flamboyante, les populations ne veulent pas, a priori, savoir qui en a la paternité, avant de se plaire à y vivre. Personne n’a donc intérêt à sacrifier son développement à l’autel de quelques rivalités politiques sordides. Sur le sujet, chacun doit taire son ego, et ne privilégier que l’intérêt général