Cotonou a abrité, vendredi 12 mai dernier, la réunion du Comité des ministres du Projet du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest. Ce rendez-vous fait naître l’espoir autour du gazoduc ouest-africain plombé par des dysfonctionnements externes.
La mise en exploitation du gazoduc ouest-africain ne comble pas les attentes. La réunion du comité des ministres du projet s’est voulue celle de la dernière chance pour remettre en selle une initiative stratégique pour les enjeux énergétiques de la région. A Cotonou, Walter Perez, directeur général du ‘’ West african Pipeline Company’’ (Wapco) a mis le doigt sur les goulots d’étranglement du système. Il s'agit des difficultés réelles d’approvisionnement du gaz à partir du Delta du Niger d’où s’organisent des actes de sabotage du gazoduc ainsi que le non respect du quota d’approvisionnement des Etats-parties. Il plaide pour une réelle volonté politique de redressement de la situation afin que le Wapco puisse répondre à la demande de fourniture en gaz indispensable pour réduire la facture énergétique des pays de la région.
Boakye Agyarcko, ministre ghanéen de l’Energie, déclare que le gazoduc ouest-africain est à la croisée des chemins : ou il faut décider de poursuivre ou abandonner. Sans détour, il soutient que l’option de l’abandon est à écarter pour peu que les Etats-parties se rappellent les enjeux de la mise en place de ce projet intégrateur et l’espoir que les populations ouest-africaines placent en la mise à disposition d’une énergie de qualité et à moindre coût. « Il n’y a aucun doute que notre modèle économique a échoué. Mais rien ne nous empêche de tirer leçons de nos erreurs, de concevoir un nouveau paradigme avec des décisions hardies. Toutes les options doivent être mises sur la table », insiste-t-il. Pour Boakye Agyarcko, le nouveau modèle doit s’inscrire sur le long terme en levant les obstacles liés aux garanties de paiement et à la sécurisation de l’approvisionnement.
La communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) n’est pas moins préoccupée par les difficultés que traverse le gazoduc ouest-africain. « Au-delà de l’intérêt commercial que revêt cette installation, nous devons prendre en compte son intérêt stratégique pour notre région et la contribution que son fonctionnement pourrait apporter à l’amélioration du quotidien de nos populations et au développement économique de notre région », prévient Morlaye Bangoura, commissaire de la Cedeao à l’Energie et aux Mines. Bien qu’une étude de faisabilité soit bouclée pour l’extension de l’infrastructure aux Etats membres de la Communauté, il souligne qu’aucune extension n’est possible sans que la viabilité de l’existant soit garantie. Il salue les démarches en cours pour garantir la reprise des fournitures du gaz naturel et établir un schéma de paiement des arriérés de facture.
Le défi du delta
Selon les experts du Wapco, la solution au problème du gazoduc ouest-africain doit venir avant tout du Nigeria. Saïdu Mohammed, représentant le ministre nigérian des Ressources pétrolières à la réunion, a tenu à rassurer de l’écoute du Gouvernement fédéral et des efforts entrepris pour assurer la paix dans le delta du Niger et accroître la production du gaz.
« J’ai la conviction que dans un proche avenir, avec la multiplication des points d’injection du gaz, le projet gazoduc de l’Afrique de l’Ouest permettra à nos pays de disposer d’une source d’énergie abondante, moins polluante et bon marché », parie Dona Jean-Claude Houssou, ministre béninois en charge de l’Energie. Il souligne qu’une offre suffisante de gaz naturel devra consolider le tissu industriel et le développement durable des Etats de la région. Qui plus est le Bénin qui mise gros sur le gazoduc pour relever le défi de l’autonomie énergétique?