Trois réseaux ouest-africains d’organisations paysannes tiennent, depuis ce mardi 16 mai à Cotonou, un atelier de renforcement de leur implication dans le processus de formulation des plans nationaux d’investissement agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle (Pniasan). Ils comptent peser davantage dans les politiques publiques sur le secteur agricole.
Les politiques agricoles clés en main appartiennent désormais à un passé révolu. Les divers plans de relance agricoles élaborés dans les Etats ouest-africains ont enregistré l’implication active des organisations paysannes (Op). Le Réseau ouest-africain des organisations de producteurs agricoles (Roppa), l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en savane (Apes) et le Résea Billital Maroobé (Rbm) décident alors de surfer sur la vague pour renforcer la dynamique d’implication des Op dans le processus de formulation des plans nationaux d’investissement agricoles, de sécurité alimentaire et nutritionnelle (Pniasan). L’enjeu de la réunion de Cotonou est de permettre aux trois réseaux d’adopter une démarche commune de poursuite de leur participation à l’élaboration des instruments opérationnels de la politique agricole régionale de la Cedeao pour élargir les opportunités offertes aux exploitations familiales. Le souci majeur de ces organisations, souligne Djibo Bagna, président du Roppa, c’est de se mobiliser davantage pour inciter les décideurs à prendre conscience de la nécessité de protéger les exploitations familiales, de promouvoir la souveraineté alimentaire et le marché régional. « Les acteurs ruraux occupent plus de 85% de la population active des Etats de la région. Le modèle agricole que nous devons formuler ne saurait les occulter, et ce modèle doit être orienté vers la souveraineté alimentaire », soutient-il. Pour lui, l’intégration des préoccupations majeures des organisations paysannes dans les Pniasan constitue un gage de la prise en compte des priorités de l’immense majorité des acteurs du secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique de la région dans les politiques publiques.
Léopold Lokossou, président de la Plateforme nationale des organisations paysannes et de producteurs agricoles du Bénin (Pnoppa-Bénin), se réjouit de ce que l’implication de la paysannerie devienne un principe directeur de gouvernance du secteur agricole. « Nous avons participé de bout en bout au processus d’élaboration du Pniasan. Il nous a fallu un an de concertations et d’échanges pour formuler le Psdsa/Pniasan », témoigne-t-il.
« Les décideurs politiques de la région et les partenaires sont convaincus du rôle central que jouent les Op dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques agricoles. Leur participation est capitale d’autant qu’il s’agit des propositions provenant directement des exploitations familiales et des acteurs de chaînes de valeurs ajoutées », appuie Delphin Koudandé, ministre béninois en charge de l’Agriculture. Il soutient que la sécurité alimentaire dépend largement de l’accroissement de l’offre locale de production plutôt que des importations de denrées alimentaires à bon prix sur le marché international. Il salue l’initiative des mouvements paysans de se mettre en synergie pour prendre part efficacement au processus d’élaboration des Pniasan.
La rencontre de Cotonou devra déboucher sur la définition d’une position commune des trois réseaux en ligne avec les préoccupations majeures des organisations paysannes, à intégrer dans les Pniasan?