Dimanche 29 Septembre 2013. 15 h.32°. Le Stade de l’Amitié de Cotonou grouille de monde. Des milliers de motos et des centaines de voitures peinent à trouver leurs places sur le parking de l’esplanade extérieure du stade. Plus loin, de longues queues interminables s’alignent devant les guichets de ce complexe sportif de 40.000 places. Aujourd’hui, ‘’Les Écureuils’’(équipe nationale de football du Benin) ne jouent pas. Mais l’antre des mammifères rongeurs arboricoles a fait son comble comme les jours de grandes rencontres footballistique. ‘’Il se passe quoi ici ?’’ demande un quidam. ‘’C’est Dieu esprit saint qui est venu nous combler de sa grâce ‘’ lui répond un homme aux fins des évènements. ‘’Pour le voir c’est à 1000 FCFA le ticket’’ atteste un autre en tenue d’apparat de l’Eglise Catholique Rénovée. C’est une branche dissidente de l’Eglise Catholique Romaine basée à Banamè. Village situé à 150 kilomètres au Nord-Est de Cotonou, dans la commune de Covè, département du Zou. Tee-shirts. Foulards. Bouteilles d’eau. Fanions. Parapluies. Calendriers. Prospectus. Par milliers, hommes, femmes et enfants sont parés de gadgets à l’effigie du ‘’l’Esprit-Saint’’. Enfin, celui reconnu par cette frange de l’église catholique béninoise dirigée par une certaine ‘’Parfaite’’ appelée encore ‘’Daagbo’’. Interloqué le quidam s’interroge une fois encore. ‘’ 1000 FCFA pour voir l’esprit saint ?’’ . Sa réponse lui parvient d’un autre bord. ‘’ Grace à Dieu tout puissant qui n’a ni couleur, ni pays, et ne demande non plus notre argent, nous saurons tôt ou tard qui est Parfaite de Banamè‘’.
Un échange verbal violent s’instaure entre ce dernier et l’adepte mordu de la chose de Banamè. ‘’Est-ce pour la recherche du salut qui peut pousser des gens à payer 1000 FCFA pour recevoir l’esprit saint ?’’ demande un troisième. ‘’Laissons le temps au temps car il ne sert à rien de polémiquer maintenant. Que tous ceux qui croient en ses œuvres ne nous en veuillent pas. Nous espérons qu’ils ne nous parleront pas d’arnaque et de duperie après’’ ajoute un autre qui désapprouve le fait.
Pour nombre de béninois et d’africains, Banamè reste un mystère. En effet, ce culte draine énormément de monde depuis 2009. Pour les adeptes de Banamè qui ont la ferme conviction que ‘’Parfaite’’ est ‘’l’incarnation de ‘’l’Esprit-Saint’’, Dieu leur est révélé. Dans un l’article publié sur le site de l’Eglise qui a pour titre est : ‘’Réponse à l’Abbé André Kpadonnou pour son article sur la mission de Banamè’’, l’auteur écrit : ‘’Esprit créateur, Père de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, Epoux de la vierge marie, qui a pris chair dans l’humble et l’innocente personne de Parfaite’’.
Ces partisans appellent même ladite ‘’Parfaite’’, ‘’Papa’’. Dans une interview accordé par le Père Mathias Vigan, excommunié de l’Église Catholique mère qui est devenu ‘’Pape Christophe XVIII’’ a une radio de Bohicon en 2012 et retranscrit toujours sur leur site internet évoque également le sujet. ‘’C’est Dieu le Créateur, le tout-puissant qui a pris chair depuis quatre ans partis nous’’.
Le luxe divin…
Sur l’esplanade intérieure du stade, un marché s’est improvisé. Vendeuses des produits dérivés. Chapelets. Photos. Huile ‘’sainte’’. Croix de Jésus. Tissus de ‘’Daagbo’’. Tout y est pour repartir avec un souvenir de l’’Esprit Saint’’ de Banamè. Certains s’y attardent. D’autres non. Montant les marches qui mènent vers les entrées de l’aire de jeu où a eu lieu la rencontre avec ‘’Dieu’’, Alban ne s’en revient pas. ‘’ Je ne crois pas que tout ceci soit anodin’’ affirme le jeune homme de trente ans venu prendre un pot dans un bar qui offre ses services au publique au stade.
«Vous voyez les escaliers sont même pris d’assauts. On ne peut même pas de rafraîchir normalement à ‘’l’entrée 10’’ (le bar en question)». «Rien n’est spirituel ici. On vend Dieu simplement. Comment payer 1000 FCFA pour voir Dieu ? C’est de l’imposture» relève ce catholique bon teint véritablement en froid avec les dissidents. «Nous payons ce montant juste pour aider l’organisation à couvrir les charges » se justifie Dame Aline sur le point de franchir le pas pour aller voir son ‘’l’Esprit-Saint’’. Le pagne noué à la hanche. Un tee-shirt flanquée de la photo de ‘’Daagbo’ sur la poitrine. Et très ancré dans la chose de Banamè. « Je vous invite à Sovidji (le Vatican de Banamè) dans trois semaine pour notre grande afin de voir ce que nous vallons» déclare la mémé de la soixante ans environs devenue en une fraction de minute agent commerciale de l’entreprise ‘’Banamè’’.
‘’Daagbo’’ arrive ! ‘’Daagbo’’ arrive ! ‘’Daagbo’’ arrive ! Alarme Dame Aline. Il est 16 heures. Des cris assourdissent les tympans. L’agglutinement aux portes d’entrées au stade pour accéder au ‘’Saint-Esprit’’ devient brouillant. Les uns veulent passer avant les autres. Personne ne veut se faire compter l’entrée en scène de ‘’Parfaite’’. Surtout pas après avoir payé 1000 FCFA sous cette chaleur torride. Surtout pas après s’être privé du seul repas de ce dimanche pour recevoir ‘’l’Esprit-Saint’’. Les visages sont figés. Une colonne de voitures rutilantes fend la foule pour s’introduire dans le stade. ‘’Dieu’’ est là. Plutôt, celui de Banamè. Assis dans un véhicule de plusieurs millions de FCFA. ‘’L’Esprit-Saint’’ pourra pénétrer les âmes. Celles qui sont perdues. Éperdument perdues.