(La Haac interpellée)
En Côte d’Ivoire, les statistiques de la presse sont diffusées chaque trimestre par le Conseil national de la presse (Cnp), l’équivalent au Bénin de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac). Ceci conformément aux dispositions de la loi N°2004-643 du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la presse qui stipule en son alinéa 2 : « les responsables de la distribution tiennent à sa disposition, mensuellement les chiffres d’affaires et de vente des journaux et écrits périodiques pour une diffusion trimestrielle ». C’est donc en respect de cette loi que le Cnp a publié, le 12 mai 2017, le volume et les chiffres d’affaires du 4ème trimestre 2016 des journaux et périodiques paraissant en Côte d’Ivoire.
Au Bénin, si ce n’est quelques organismes internationaux et initiatives privées qui investiguent dans ce sens avec des résultats à polémiques, de telles statistiques sur les chiffres d’affaires et les ventes de journaux manquent cruellement. Le Conseil national du patronat de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa), la faitière que les promoteurs d’organes de presse ont eux-mêmes mis sur pied, encore moins la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), organe étatique chargé de la régulation des médias, ne trouve opportun de mettre à la disposition des acteurs et des consommateurs de telles informations. Pourtant, l’importance d’un tel outil dans un environnement où près de 100 titres se disputent tous les jours le marché pourrait régler bien de problèmes. D’abord cela participe de l’assainissement de l’espace médiatique. On saura qui fait quoi, qui a une notoriété, une audience certaine auprès des consommateurs. Des statistiques périodiques sur les journaux les plus lus, les plus vendus auraient le mérite d’orienter les annonceurs sur les canards qui ont une large audience, à même d’impacter le plus grand nombre. Il n’est pas rare d’entendre dans le milieu certains promoteurs de presse se plaindre de la concurrence déloyale de tel ou tel autre organe de presse alors que certains organes n’ont pas l’audience requise pour intéresser les annonceurs.
A l’occasion de la dissémination de la nouvelle Convention collective, le président de l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb) a souligné que les organes qui ont plus de moyens ne devraient pas se contenter d’appliquer la grille salariale contenue dans la nouvelle convention, elles devraient aller plus loin. L’entreprise de presse qui prospère doit faire en sorte que cela rejaillisse sur les employés. Mais comment le journaliste saura-t-il que l’entreprise prospère dans un environnement où il n’y a aucune statistique crédible qui renseigne périodiquement sur les chiffres d’affaires ?
Même si la loi ne fait pas obligation ni à la Haac, ni au Cnpa de réaliser et de diffuser ce genre de statistiques, il n’est aucun doute que le besoin se fait sentir aussi bien pour la presse écrite que pour l’audiovisuel. La Haac devrait se doter de cet outil qui pourrait même être déterminant en ce qui concerne les critères d’attribution de l’Aide de l’Etat à la presse.
B.H