Moins de deux mois après son dernier remaniement, Boni Yayi vient de modifier une fois de plus la configuration de l’équipe gouvernementale. Une gymnastique diversement appréciée par les observateurs qui peinent à en trouver l’opportunité. Toutefois, le nouveau remaniement inspire réflexions et commentaires.
De 26, le gouvernement de Boni Yayi est passé à 27 portefeuilles. L’économiste Fulbert Géro Amoussouga fait donc son entrée au gouvernement et devient ministre à la Présidence, chargé de la coordination de la mise en œuvre des politiques des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) et des Objectif de développement durable (Odd). En plus de cette nouvelle entrée, deux ministres ont permuté leurs fauteuils. Naomi Azaria quitte le sport pour le commerce cédant son fauteuil à Affo Safiou. Ainsi, Boni Yayi vient de porter à douze (12) le nombre de ministre de commerce et à sept (7), celui de ministre des sports sous son régime. Des chiffres qui reflètent l’instabilité au sommet de l’Etat.
Instabilité
Sans nul doute, le remaniement de Boni Yayi est la preuve de l’inconstance de sa gestion. Nombreux sont les Béninois qui ont été surpris d’entendre parler d’un nouveau remaniement ministériel alors que le précédant est intervenu il y a moins de deux mois. Sinon, comment comprendre qu’à peine les nouveaux ministres sont entrain de prendre contact avec les grands chantiers de leur ministère que deux d’entre sont contraints à changer leur portefeuille ? N’est-ce pas là un éternel recommencement qui ne saurait permettre l’évolution des dossiers en instance, tant l’administration est une continuité ? Même si les motivations du nouveau remaniement restent à élucider, il n’est pas faux que depuis la dissolution du gouvernement de Boni Yayi, l’Exécutif béninois n’a toujours pas retrouvé sa pleine forme.
A la recherche d’un nouveau Koupaki ?
A bien y voir, le déséquilibre qu’affiche le gouvernement peut être vu sous divers angles. De l’avis des observateurs, le vide créé par le départ de l’ancien premier ministre du gouvernement serait la simple explication des tractations au sommet de l’Etat. D’où la création d’u nouveau ministère à la présidence et dont les attributions restent incomprises. Bien qu’ayant partagé entre trois ministères les charges de l’ancien ministre Koupaki, le président Boni Yayi semble toujours insatisfait. L’entrée au gouvernement de Géro Amoussouga qui officiait déjà à la présidence depuis peu, a donc pour objectif de renforcer les actions du gouvernement dans le domaine de l’analyse et le développement économique. La promotion du professeur titulaire des facultés de sciences économiques et de gestion serait également, à en croire certaines langues, l’expression de l’insatisfaction du chef de l’Etat face aux résultats peu probants du ministère du développement.
Contradictions
La surprise du remaniement ministériel n’est pas que liée à la fréquence. Il y a comme une sorte d’inconséquence dans la réforme. Alors que nos autorités disent œuvrer pour la réduction du train de vie de l’Etat par ces temps de crise économique qui courent, le chef de l’Etat s’est permis d’accroitre le nombre de portefeuilles ministériels qui pourtant était déjà très élevé du point de vue des maigres moyens dont dispose le pays. Mieux, Boni Yayi vient de rater une nouvelle occasion de tenir sa promesse de 50 % de femmes dans son gouvernement. En attendant de savoir qu’elle est la nuance entre le concept " évaluation des politiques publiques " et mise en œuvre des " politiques des Objectifs du millénaire pour le développement ", interrogeons-nous sur le budget de fonctionnement du nouveau ministère. A moins que le projet de budget exercice 2014 ait anticipé sur le remaniement technique.