Le rôle du député, c’est de légiférer et de contrôler l’action du gouvernement. Si on s’en tient à ça, aucune des déclarations de constitution de bloc ou de groupe n’est encore allé au-delà de ces prérogatives.
Certes, tous font référence à l’option qu’ils avaient faite le 04 avril 2017 au sujet du rejet du projet de la révision de la constitution. Comme l’a dit le président de l’institution, le rejet du projet de révision de la constitution relève de la politique sur fond d’attachement émotionnel à la constitution du 11 décembre 1990. Autrement dit, rien de politiquement pertinent ne fondait ce rejet. Sinon, les députés signataires de la déclaration de constitution du Groupe parlementaire « Le Peuple d’abord », conséquents dans leur choix, se seraient déclarés clairement de l’opposition. Cela aurait contribué à clarifier la configuration politique du parlement béninois.
L’autre Bloc de la Majorité Parlementaire n’a pas fait dans l’hypocrisie politique. Il soutient sans ambages le PAG de Patrice Talon, pour la réalisation duquel, la révision de la constitution du 11 décembre 1990 aurait balisé une voie propice. Il y a de la suite logique dans cette option. Car, il n’y a aucune crainte à se démarquer de l’ancien président Boni Yayi qui est désormais fini avec FCBE.
Au fait, Boni Yayi incarnait moins une vision idéologique de développement qu’une politique de gestion du pouvoir axée sur des slogans expressifs à caractère populiste. Puisqu’autour de lui, gravitaient des courtisans politiques, tant de la Gauche que de la Droite, tant de socio démocrates que de libéraux purs. Pas plus que cela.
Dans ces conditions, on devait s’attendre à la mort naturelle des FCBE, après le départ de Boni Yayi. L’alliance FCBE ne pouvait connaître meilleur destin que celui de l’Union pour le Bénin du Futur (UBF) après le départ du Général feu Mathieu Kérékou en 2006. Pas plus d’ailleurs que la fortune diverse que connaît la Renaissance du Bénin (RB), en decrescendo à chaque nouvelle législature, depuis la chute du président Nicéphore Soglo en 1996. De 27 députés à la première législature (1991-1995), le parti créé autour du président en exercice en 1992, s’en sort difficilement aujourd’hui, avec une hypothétique portion congrue de cinq députés à la 7ème législature. C’est donc le destin naturel des partis ou alliances créées autour des présidents en exercice, de ne pas pouvoir tenir, après le départ de leur mentor.
C’est pourquoi, le procès fait aux 15 députés qui ont rompu les amarres des FCBE manque de pertinence politique. On ne saurait parler de trahison. Puisque Boni Yayi n’incarne plus aucune vision idéologique cohérente de développement.
Fidèles à leurs prérogatives constitutionnelles, ces députés ne commettent aucun crime, en refusant de continuer à soutenir un homme qui, au niveau de la nation, relève du passé. La question de l’inconstance est un débat d’éthique qui, du coup, paraît un amalgame lorsqu’on sait que le parlement, c’est le haut lieu de la politique, qui, par essence, se moque de la morale.
Le Groupe parlementaire « Le Peuple d’abord » sous-entend hypocritement qu’il soutient, lui aussi, le PAG dans tous ses aspects critiques et positifs. Le BMP n’avait pas, non plus dit qu’il soutient aveuglément le PAG contre le peuple béninois. Qu’on ne se voile donc pas la face. Bloc de la Majorité Parlementaire (BMP) et Groupe parlementaire « Le Peuple d’abord », même combat. Il y a seulement que le second traîne encore un masque d’hypocrisie politique.
Euloge OKAMBAWA dans L'Opinion Aujourd'hui du 19 mai 2017.