Le cajou pourrait devenir le prochain le troisième pilier de l’économie nationale. Le Conseil des investisseurs privés du Bénin (Cipb) y croit fortement. Le vendredi 19 mai 2017, il a organisé à Cotonou un séminaire sur le sujet et a annoncé de grandes actions.
Les membres du Cipb sont résolument déterminés à sortir la filière cajou de l’ornière. Le vendredi dernier, ils ont consacré à la question une rencontre de réflexion qui devrait changer la donne. Lors du diner débat organisé sur le sujet dans la soirée de ce vendredi, le président du Cipb, Roland Riboux a fait des précisions qui motivent. Selon lui,l’anacarde pourrait jouer au Bénin, le rôle qui a été celui du palmierà huile en Malaisie. A partir des profits tirés de la Malaisie de l’huile de palme, a-t-il rappelé, cet Etat a pu bâtir une économie complètement diversifiée. En faisant l’état des lieux dans la filière cajou au Bénin, Roland Riboux a laissé entendre : « la production stagne entre 60 à 100 000 tonnes selon les années. Pourtant la région centrale du Bénin est propice à la culture de l’anacardier et notre pays pourrait sans difficulté produire 300 000 tonnes à l’image de la Guinée Bissau ». Pour le président du Cipb, avec simplement 300 000 tonnes de noix de cajous produites, dont la moitié décortiquée, les rentrées en devises seraient largement supérieures à celle générées par la filière coton ; la zone centre du Bénin deviendrait une zone de prospérité, rééquilibrant le pays par rapport au Nord tourné vers le coton et le sud vers les activités diversifiées de Cotonou. L’économie nationale devrait reposer sur trois piliers (Cajou, coton, activités portuaires) et le Bénin serait moins dépendant des variations du prix du pétrole. L’homme d’affaires Roland Riboux soutient également que le développement de cette filière impulserait fortement l’ensemble de l’économie béninoise, allant de la création de milliers d’emplois nouveaux essentiellement féminins dans les usines de décorticage au port de Cotonou en passant par le secteur bancaire et celui de l’assurance, le secteur du transport.
L’esprit planteur avant tout…
L’exploit est possible. Mais Roland Riboux a déclaré que pour y arriver, « il nous faut avoir l’esprit planteur dans notre mémoire collective». « Notre espoir de voir le Bénin multiplier la production d’anacarde en quelques années ne pourra se réaliser sans que, d’abord, l’esprit planteur ne soit ancré dans l’esprit des Béninois. Idéalement, les plus hautes autorités de l’Etat, à l’image de ce qu’a fait en son temps le Président Houphouët Boigny pour le café et le cacao, devraient faire une intense propagande pour qu’un maximum de Béninois s’implique dans ce secteur, pour leur plus que grand profit et celui de tous », a-t-il martelé ce vendredi au Novotel. Il l’a fait avec conviction puisque l’homme d’affaires a annoncé que le Cipbprendra une part active dans cette future révolution. «Le Cipb va promouvoir l’idée centrale de l’esprit planteur, diffuser les conclusions de l’atelier qui s’est déroulé aujourd’hui (vendredi dernier, Ndlr) au sein des populations rurales, susciter des vocations dans le décorticage, soutenir la vision du comité mis en place par le chef de l’Etat, appuyer le gouvernement dans ses démarches auprès des bailleurs de fonds…», précisera-t-il. Dans ce combat, Fludor Bénin Sa, l’une des entreprises de Roland Riboux, dont l’usined’une capacité de 20 000 tonnes peut servir de modèle, sera à l’avant-garde.
Le gouvernement, un soutien de l’initiative
Le ministre du Commerce, Lazare Sèhouéto a apprécié les actions du Cipb. Pour lui, le gouvernement compte sur le secteur privé pour concrétiser ses grandes ambitions. « L’engagement du gouvernement aux côtés du secteur privé est sans failles. Le gouvernement est pour un dialogue ouvert », a-t-il indiqué aux investisseurs. A entendre le ministre, le gouvernement se mobilisera pour «multiplier par deux la production de l’anacarde et faire transformer au moins la moitié de notre productionlors des prochaines campagnes agricoles». Ce vendredi, les investisseurs réunis au sein du Cipb se sont accordés sur des objectifs bien précis. Pour transformer la filière cajou, ils ont bien compris qu’il faut développer des pépinières sous forme de projets axés sur l’entreprenariat, améliorer la diffusion des services de vulgarisation en direction des agriculteurs et accroitre l’appui aux coopératives agricoles en vue de l’augmentation des ventes conduites par elles.