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Période post déguerpissement : Les soutiens pour occuper le peuple
Publié le vendredi 26 mai 2017  |  Matin libre
Opération
© aCotonou.com par Didier Assogba et Didier Kpassassi
Opération de déguerpissement à Cotonou.
Cotonou, le 04 Janvier 2017. Opération de déguerpissement à Cotonou à Aïbatin




Ce qui se passe aujourd’hui au Bénin, avec les soutiens çà et là au Programme d’action du gouvernement, ressemble exactement à un spectacle au cours duquel, l’artiste prêt à prester, se trouve confronté sur scène, à une panne technique. Les habitués savent que généralement, la vedette harangue la foule et l’occupe avec quelques extraits de son répertoire, en attendant que le Disc-jockey (DJ) ne cale le morceau à exécuter en playback.

Avec ces faits qui se succèdent quant à la gouvernance du pays à l’ère de la Rupture, le président de la République, Patrice Talon semble donner raison à ceux qui affirment qu’il ne s’était pas préparé pour gérer le Bénin. Si non, comment comprendre :

- mi-décembre 2016, Patrice Talon lance son Pag conçu au sommet pour l’appliquer à la base, tel que le faisait le colon pour les pays du sud. Entre décembre et avril, aucun soutien, aucune tournée d’explication aux populations non plus. Sur de lui-même, le chantre du Nouveau départ ficelle son projet de Constitution et l’envoie au Parlement. La suite, tout le monde le sait. 23 députés sur 83, lui ont renvoyé le document parce qu’ayant fait la volonté de leurs mandants qui, pour la plupart, étaient furieux à cause de l’opération de déguerpissement des occupants du domaine public. Cette opération sans mesure sociale et qui a fait plusieurs sans abris et sans commerce. Les grognes s’amoncelant, le gouvernement placarde sur des panneaux une vue futuriste de Cotonou pour calmer les ardeurs. Mais vu que la concrétisation pourrait prendre assez du temps, ce qui provoquerait davantage l’ire des populations, on a été obligé de lâcher le morceau. Ce qu’on devrait dire au départ aux occupants illégaux pour les convaincre sera dit finalement. En fait, après l’opération dite de libération des espaces publics, le gouvernement du Bénin révélé va asphalter plus de 620 kilomètres dans 9 villes du pays à savoir Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Abomey-Calavi, Semè-Podji, Abomey, Bohicon, Natitingou et Lokossa. Aussi, des marchés seront modernisés. Mais le hic est qu’aucune étude préalable n’a été faite. Peut-être qu’après les sorties explicatives du ministre du Cadre de vie, José Tonato, cela a déjà démarré. Ce qui est sûr, pas de projet concret avant fin 2017 ou même 2018 puisque ce ne sont que des estimations. Encore qu’on ne saurait dire avec exactitude si les 400 milliards de FCfa (coût estimatif du projet) sont déjà disponibles quand bien même d’actualité est le partenariat public-privé. A bien suivre ces détails, il y a encore du chemin à parcourir pour voir enfin poindre quelque chose. Comment les populations vont-elles alors gérer l’attente pour qu’elle ne soit pas trop longue ? La seule solution, c’est de les occuper pour que le temps passe vite et sans qu’elles ne se remémorent les révoltants souvenirs des casses sauvages. Pour ce faire, étant donné que le ton de faire désormais la politique a été donné par le chef de l’Etat qui n’a pas digéré le rejet de son projet de Constitution, on ouvre les vannes. Tournées gouvernementales d’explications du Pag aux populations par ci, meetings de soutien au document-rêve (Pag) par là… Et dans ce mouvement qui a embrasé tout le pays, du nord au sud et de l’est à l’ouest, les populations sont braquées. Certaines d’entre elles ont pu voir leurs fils ou filles ministres ou Directeur de quelque chose, arrivés pour la première fois peut-être au village. L’argent peu maintenant circuler puisque pas de meeting sans location et sans rémunération de telle ou telle prestation. Même l’attention de la presse est détournée. Elle a désormais du boulot : faire large diffusion des comptes rendus au quotidien pour en attendre les commentaires des friands de l’actualité. Cela s’appelle ni plus ni moins de la diversion. Et c’est le mode de fonctionnement de la Rupture. Patrice Talon et son gouvernement ont mis la charrue avant les bœufs, et devant le fait accompli, ils tentent de détourner les esprits des Béninois qui ont toujours leur ceinture serrée. C’est dans cette logique que s’inscrit également la rencontre avec les mairies du Grand Nokoué et tout le chantage qu’il y a eu autour de la convention-cadre devant lier Etat central et collectivités locales. Il est maintenant temps de passer aux choses concrètes que d’attendre que tous adhèrent d’abord à un document avant sa concrétisation sur le terrain.

Mike MAHOUNA
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