La mesure d’organisation d’examens nationaux de Licence et Master décrétée cette année par le ministère de l’enseignement supérieur continue de faire couler d’encre et de salive dans le rang des promoteurs d’établissements privés d’enseignement supérieur. Le Président du Patronat des Établissements Privés d’Enseignement Supérieur (Pepes), le Colonel Marcellin Zannou,est monté au créneau,ce jeudi 25 mai 2017, sur la chaine de télévision privée LC2dans l’émission « Focus . Dans son intervention, il a expliqué le non fondé de la mesure en la jugeant non conforme aux normes du CAMES respectées par les Établissements privés d’enseignement supérieur. Droit dans ses bottes, il n’est pas allé du dos de la cuillère pour apporter des éléments de réponses aux inquiétudes des citoyens béninois et au ministère de tutelle. Dans l’émission « Focus », conduite par les journalistes Romuald Houhouin et Martial Alayé, l’invité de LC2 a indiqué la réaction des Epes qui n’est que l’expression de leur révolte. Plusieurs facteurs, selon lui, explique cet état de chose. A ce titre, il déclare: « les experts du Cames ont été formels en janvier 2017, qu’il n’y a pas d’examens nationaux finaux. C’est ainsi que nous avons adressé un courrier au ministère, en février 2017 pour lui expliquer cette décision ». Il a saisi aussi l’occasion pour expliquer l’irrégularité dont fait montre le ministère en décidant d’organiser des examens. Il ressort de son intervention que « ce sont les sciences qui accompagnent vers les examens ». Car, regrette-t-il, « il n’y a pas une préparation des apprenants aux examens et mieux, les apprenants ne savent pas les matières dans lesquelles ils devront composer ». Aussi, dit-il son amertume face à la démarche du ministère qui s’active dans le même temps, à leur revendre leur programme. Il estime qu’il faut aider ceux qui ne sont pas aux normes à l’être. « On ne le fait pas et on met tout le monde ensemble pour parler d’examens nationaux. Il y a de l’improvisation dans la prise de la mesure », dénonce-t-il.
Doute sur la qualité des diplômes et la formation du privé
A la question relative à la qualité douteuse du niveau de certains apprenants qui reçoivent les diplômes, l’invité de LC2 répond par l’affirmatif. « Je suis d’accord qu’il peut y avoir des brebis galeuses. Dès lors que le ministère a des preuves qu’il y a de faux diplômes, il peut s’auto saisine et sanctionner », a précisé Marcellin Zannou. Au sujet de la qualité des enseignants recrutés, il explique : « avant d’être autorité à ouvrir une école, le promoteur dépose un dossier qui contient les matières et les enseignants suivis de leur grade. Lorsque le ministère constate qu’un enseignant n’est pas en règle, il peut l’écarter. C’est ce qui l’a conduit à publier les 52 établissements en règle vis-à-vis des normes. Il s’agit donc de ne retenir que ceux dont l’Etat cosigne les diplômes qui sont aux normes et cela a été dit ».
Homologation et délivrance de diplômes
Marcellin Zannou pense que l’Etat doit aider les établissements non homologués à suivre les examens jusqu’à homologation. Il a expliqué comment le ministère se mélange les pédales dans sa volonté d’assainir le secteur. Le président du Pepes a brandi le référentiel du Cames qui confère les normes en matière d’enseignement au supérieur. Ce document autorise selon lui, les Epes à délivrer des diplômes, et vient contredire le décret de 2008 de l’Etat. Ce qui a conduit le gouvernement à sortir un autre décret pour autoriser sous garde de co signature. Dès lors, en 2010, le gouvernement a évalué les écoles par une équipe mixe pour voir le fonctionnement. Et sur près de 168 écoles, il n’y a que 52 aux normes comme l’a recommandé le Cames »,a-t-il précisé. Au regard de cette analyse, il a confirmé combien, les normes internationales du Cames sont au-dessus des normes nationales au regard de la convention régissant le Cames que notre pays a approuvée.
Propositions du Pepes
Dans ce bras de fer, le Pepes dit avoir fait des propositions qu’il a déposées au ministère. Au nombre de ces propositions, il souhaite la création comme prévue par le Chef de l’Etat, Patrice Talon, de l’Agence nationale d’assurance qualité tout en la dotant de moyens de fonctionnement. A cela, s’en suit la nécessité de définition des critères transparents d’évaluation des écoles afin que chaque école puisse déjà s’auto évaluer. En outre, le Pepes partage les ambitions du chef de l’Etat pour une école de qualité et regrette la démarche du ministère. « Au lieu de suivre les idées du chef de l’Etat, on réchauffe un décret de 2008 pour attaquer les écoles », déplore-t-il. Enfin, le Pepes pense qu’il faut effectivement évaluer les écoles, et dès qu’elles sont aux normes, on les reconduit, dans le cas contraire, on les suspend. La dernière question à laquelle Marcellin Zannou a répondu est relative à l’expiration de l’accréditation au titre d’universités homologuées Cames de la plupart des écoles. Il s’est inscrit en faux, preuve à l’appui. « C’est une diabolisation contre les Epes », a-t-il conclu.
Emmanuel GBETO