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Formations sanitaires au Bénin : L’Etat, bourreau du CHUD Borgou-Alibori
Publié le mardi 30 mai 2017  |  Matin libre




La situation dans laquelle végète le centre hospitalier universitaire départemental Borgou-Alibori (CHUD) n’honore pas du tout notre pays. Mieux, elle crée d’énormes préjudices tant bien au personnel sanitaire qu’à la population. Aujourd’hui, il est plus certain de ressortir de ce centre de santé dit de référence les pieds devant, quand vous y entrez malade. Le centre est dans le dénuement total, il manque du minimum pour une bonne prise en charge sanitaire des populations du Borgou-Alibori. Le CHUD Borgou-Alibori se révèle être plus un mouroir qu’un centre de référence. Car son pronostic vital est sérieusement entamé, il souffre d’un cancer en phase terminale.

Manque criard de matériels médicaux et paramédicaux, vétusté des matériels sanitaires, défaut de plateau technique adéquat, morgue moribonde, manque de réactifs pour les analyses biomédicales, pharmacie vide sans les produits de première nécessité, centre de production d’oxygène non fonctionnel, plus de 750 millions de francs Cfa de créances de l'État vis-à-vis du centre, plus de 30 millions de dettes du CHUD Borgou-Aliborivis-à-vis de la Centrale d'Achat des Médicaments Essentiels (CAME), absence d'eau et d'électricité et manque d'infrastructures devant abriter les agents et les malades. Tel se présente le tableau clinique du CHUD Borgou-Aliborid’aprèsle résultat du diagnostic.

La liste des maux dont souffre cette formation sanitaire qui, en plus de l’administration des soins de santé aux malades, assure également, la formation théorique et pratique des futurs médecins et chercheurs en sciences de la santé n’est pas exhaustive.

Une situation qui n'est pas de nature à assurer des soins de qualité aux patients. Il ne serait pas exagéré d'affirmer, au vue de ce qui manque à ce centre, qu'il n'est plus une référence en matière de soins sanitaires au Bénin.

« Je viens de faire 12 jours au CHUD B-A avec mon oncle qui souffre d’un problème de nerfs, aucun soin sérieux n’a pu lui être administré, parce que l’hôpital ne dispose pas des produits de première nécessité. J’ai décidé de l’envoyer dans un autre centre de santé. Ce qui se passe ici est grave », s’est indigné monsieur B.O un garde malade rencontré dans les couloirs du pavillon de la chirurgie du CHUD B-A.

Telle est la renommée de centre hospitalier universitaire dans l’opinion publique, qui, a pourtant déjà mis sur le marché de l’emploi neuf promotions de docteurs en médecine.

« Nous sommes dans le rouge, faute de moyens », lâche Dr Emile Mensah, directeur du CHUD B-A qui compte pourtant dans ses rangs un personnel de qualité qui fait ses preuves au-delà des frontières nationales, composé de 442 agents dont 39 médecins, 60 médecins praticiens.

« Si les créances de l'État nous étaient remboursées, nous pouvions trouver un souffle pour prendre le devant des activités afin de mettre le personnel dont nous avons la charge dans des conditions bonnes afin que les prestations que nous avons à faire pour sauver les populations soient meilleures » se désole Dr Emile Mensah qui explique par ailleurs que, les créances de l’Etat central vis-à-vis du CHUD Borgou-Alibori sont le produit des mesures de gratuité telles que la césarienne, la prise en charge du paludisme, de la dialyse, du traitement des indigents et du personnel permanent et contractuel de l'État. Il pense que le non paiement de ces créances par l’Etat, malgré les nombreuses démarches à l’endroit du ministère de la santé et des finances, a contribué à mettre le centre dans l‘état dans lequel, il se trouve actuellement. Pour le directeur du CHUD Borgou-Alibori, le règlement de ces créances permettra au centre de trouver un souffle pour prendre le devant des activités afin de mettre le personnel dans des conditions bonnes pour la fourniture de meilleures prestations pour sauver les populations.

Et au secrétaire général du syndicat des travailleurs du CHUD Borgou-Alibori, Ibrahim Nondichao de corroborer les propos du directeur Emile Mensah pour faire remarquer que « le CHUD se porte très mal... ». Pour lui, c’est à cause des dettes du CHUD que la CAME refuse de lui fournir les médicaments ce qui fait que la pharmacie du CHUD BA est vide, pas de seringue ni de gants encore moins de paracétamol.
« Nous sommes au CHUD Borgou Alibori, pourtant, si vous allez à la pharmacie de ce centre à l'heure où je parle, vous ne pouvez pas acheter de la seringue, il n'y en a pas, vous ne pouvez pas acheter du simple paracétamol, il n'y en a pas. La pharmacie est complètement vide », se désole Ibrahim Nondichao, secrétaire général du SYNTRAC CHUD.

Détails des problèmes du CHUD Borgou Alibori selon le SG Nondichao

Le syndicaliste va au-delà de ce qui est perceptible comme problème au CHUD B-A. Il a fait remarquer la vétusté de plusieurs appareils sanitaires, qui condamne les agents de santé à se surpasser pour administrer des soins aux patients. Le manque de locaux qui amène les médecins à se changer dans leur véhicule, à transformer les couloirs en salle de consultations, ce qui agit sur le rendement.

L’autre problème très grave du CHUD B-A est le manque d'eau et d'électricité. Il est inutile de rappeler l'utilité de l'eau dans un hôpital. Cependant, le CHUD n'en dispose pas à plein temps. Des médecins sont obligés de prescrire parfois de l'eau en sachet communément appelée "Pur Water" dans les ordonnances pour administrer des soins. Il n’est pas rare de voir, les aides soignants avec des bassines d'eau sur la tête pour monter les marches des escaliers de l'hôpital pour les soins aux patients.

En cas de coupure d'électricité par la SBEE, le CHUD B-A a recours à un groupe électrogène, lui aussi éprouvé et qui consomme 60 litres de gasoil par heure. Ce que les finances de l’hôpital n’arrivent pas à supporter tout le temps. Des interventions chirurgicales sont interrompues à cause des coupures d’électricité. La totale a été la réduction drastique de 50% du budget 2016 et 2017 de l’hôpital. C’est à croire qu’il y a une intention de tuer la maison.

L’espoir est-il permis ?

Sur le terrain des efforts pour l'amélioration de la situation, on y retrouve le directeur de l’hôpital Dr Emile Mensah et les travailleurs à travers les différents syndicats qui se donnent la main. Plaidoyers à l’endroit des autorités locales et centrales, revendications et sit-in sont les stratégies qui sont mises en œuvre.

Consciente de la situation grabataire de l’hôpital, l'équipe dirigeante a menée différentes actions à l'endroit des autorités compétentes dont les fruits ne tarderont pas à tomber, confie Dr Emile Mensah. Grace au partenariat Parakou-Orléans, l'hôpital recevra une partie du matériel médical grâce à la mairie de Parakou et la préfecture du Borgou, l’autre partie étant perdue à cause de la lourdeur administrative.
Le directeur de l’hôpital a rassuré de ce qu’il a fait le point de la situation CHUD B-A à la conférence administrative départementale et au médiateur de la République.

Pendant ce temps, les deux syndicats de la maison sont montés au créneau par un sit-in pour exiger une amélioration de la situation. Ils n’entendent pas se taire tant que la situation ne changera pas. Pour Ibrahim Nondichao, secrétaire général du syndicat des travailleurs du CHUD du Borgou Alibori, « les travailleurs du CHUD Borgou Alibori ont été obligés de se manifester, de donner de la voix à travers un sit-in organisé par les deux syndicats de la maison ». Par ce sit-in, affirme le syndicaliste, les travailleurs réclament les meilleures conditions de travail. Les syndicats, invitent à travers leur sit-in, l'État à jouer sa partition en envoyant ce qu'il doit au centre pour ravitailler la pharmacie du CHUD. Ils réclament également l'achèvement des chantiers de construction des infrastructures en cours depuis 2010. Des propositions de réformes ont également été faites à l'administration par les syndicats pour une meilleure gestion du centre, a soutenu le syndicaliste.

« Il y a urgence. A partir de ce moment, nous avons donné une semaine à l'administration. Passé ce délai, nous seront obligés de revenir à la charge », Ibrahim Nondichao.

Face à cette situation, il urgence de sauver le CHUD B-A qui se meurt chaque jour que Dieu fait, ce qui amène les agents de santé de ce centre à se transformer en des magiciens pour pouvoir administrer les soins aux patients qui ont recours au CHUD B-A. L’Etat a un grand rôle à jouer au-delà du fait d’honorer les engagements vis-à-vis de centre hospitalier. C’est une question de souveraineté nationale.

Par Albérique HOUNDJO (Br/Borgou-Alibori)
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