Pour bon nombre de Béninois, Rosine Vieyra Soglo est une personnalité très influente dotée d’un franc parlé qui n’a de limite, parfois exagéré et malvenu. Ce qu’elle vient encore de prouver en tirant à boulets rouges sur les frondeurs et en apportant tout son soutien à Léhady Soglo dans une crise aux racines très profondes qui secoue la Renaissance du Bénin. Au milieu de tout ceci, on se demande si le couple Soglo rend service Léhady. Et, pourquoi ce dernier ne prend-il pas sa propre défense ?
Piquée au vif, et répondant aux 21 membres du bureau politique de la Renaissance du Bénin qui ont exclu Léhady Soglo, président du parti, Rosine Vieyra Soglo a lors d’une conférence de presse tenue lundi 29 mai 2017, fustigé cette exclusion et exprimé son soutien indéfectible à son fils. Sans aucune retenue et se retrouvant dans la peau d’une mère qui doit sauver son fils débarqué du na-vire « Houézèhouè », elle s’est mise alors à tirer à boulets rouges sur les autres occupants du grand paquebot, leur demandant de descendre à leur tour. Pour elle, Léhady Soglo est le propriétaire de la Rb, et les autres sont des locataires, et donc en aucun cas, on ne peut le chasser de la maison. Elle termine son sévère réquisitoire par des menaces à peine voilées contre les Réformistes qui ont renvoyé le président de sa maison, au cas où ils s’aventuraient à persister dans leur aventure très osée. Les propos amers de « Maman Rosine » à l’endroit du groupe de Sun City sonnent comme un verdict prononcé par un tribunal pour donner une bouffée d’oxygène au soldat Léhady en pleine difficulté. On ne pouvait pas s’attendre à autre chose, dans un contexte où les géniteurs de la Rb et de Léhady sont les mêmes personnages dans ce feuilleton. Rosine Soglo prend fait et cause pour le président du parti, non seulement parce que c’est elle qui a créé la Rb, mais également, parce qu’elle a engendré Léhady. Les deux patrimoines (Rb et Léhady) étant sortis de ses entrailles, elle n’arrive pas à dissocier l’un de l’autre.
« Papa » et « maman » : les avocats avant le procès ou le congrès
En présentant la situation comme elle l’a fait lors de sa conférence de presse, Ro-sine Soglo a chouchouté le président déchu et considéré les Réformistes comme des parias du parti, des moins que rien. Avant elle, Nicéphore Soglo avait fait pareil en laissant l’impression que les frondeurs n’ont rien à prouver sur l’échiquier politique national sans son charisme et celui de son épouse. Peut-être qu’ils ont raison. Mais ils ont oublié qu’il y a longtemps que ce charisme ne fait plus recette et ne pèse plus dans les urnes. Certes, il y a encore quelques inconditionnels du parti qui s’identifient au couple. Mais la grande partie des militants engagés est issue du même terreau régional que les actuels dirigeants qui sont principalement du plateau du Zou. Mais leur engagement dépend de celui qui défend les couleurs du parti dans une zone donnée. Pendant que l’ex-président Léhady était en difficulté à Cotonou où il s’est fait élire difficilement maire après avoir échoué aux législatives, pourtant une ville qui regorge de nombreux ressortissants du plateau Zou, les autres barons ont tenu le haut du pavé dans leurs zones. D’Abomey-Calavi à Abomey en passant par Bohicon, et autres bastions de la Rb, les leaders n’ont pas fait piètre figure contrairement à l’autre dans le Littoral. Léhady Soglo devrait lui-même se rendre à l’évidence de la fra-gilisation de son pouvoir depuis les dernières élections (législatives, municipales et présidentielles) pour en tirer les conséquences nécessaires. Même si l’on devrait laisser de côté, les querelles intestines et les violations flagrantes des textes du parti, qui seraient les principales raisons de son exclusion, il y a un indice qui ne milite toujours pas en faveur du chouchou du couple Soglo. C’est sa représentativité. Ce que « papa » et « maman » font semblant de ne pas prendre en compte. Celui qu’ils protègent a donc largement du mal à s’imposer comme un vrai leader et c’est ce que les faits aujourd’hui attestent. Dans cette crise, c’est le couple qui vient encore au-devant de la scène pour défendre Léhady Soglo. Une stratégie qui laisse perplexe l’opinion publique sur les capacités managériales et les qualités de bon berger du président exclu. Si les choses devraient revenir à la case du départ, cela suppose que Léhady Soglo sera réhabilité par ses parents, mais risque de se retrouver seul, ou du moins avec quelques-uns de ses valets. Déjà avec la sortie de « maman » lundi dernier au siège de Vidolé à Cotonou, la mobilisation n’est pas celle d’un grand parti comme la Rb. Dans l’assistance, certes en dehors des « garçons de course » de Léhady et de quelques amies de Rosine Soglo, l’on pouvait relever des hésitations et des réticences à reprendre en cœur le fameux et célèbre slogan « houézèhouè »….. « Yannnn ». Le message est clair : Léhady a le soutien du couple Soglo et des plus proches de la famille, mais pas celui de la grande masse des militants. Face à cette réalité tangible, l’organisation d’un congrès par l’aile des Soglo comme elle le suggère pour décider du sort du président risque d’être, sans doute, un fiasco. Une chose est certaine, elle sera boycottée par les Réformistes, qui préparent aussi de leurs côtés, leur congrès pour entériner les décisions prises à Sun City.
FN