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Non signature de la Charte nationale du dialogue social : Les centrales et Confédérations donnent raison à Essè Iko
Publié le vendredi 2 juin 2017  |  Matin libre
Essè
© aCotonou.com par Didier Assogba
Essè Iko,secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb)
Bourse du travail de Cotonou le 18 Novembre 2016. Meeting des femmes vendeuses du marché Missèbo. Elle dénoncent les décisions arbitraire du préfet Modeste Toboula.




Le gouvernement de la Rupture et les responsables syndicaux ont procédé, 30 août 2016, à la signature de la charte nationale du dialogue social du Bénin. Le conseil national patronat représenté par son président Sébastien Ajavon a également été associé à cette initiative. Seul le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), Paul Essè Iko a opposé un refus au paraphe dudit document. Mais les derniers développements de l’actualité au plan social, semblent donner raison au Sg/Cstb Paul Essè Iko. En effet, selon les propos de la ministre de la fonction publique Adidjatou Mathys, lors de la rencontre ayant consacré la signature de ladite charte, cet instrument vise, entre autres, « la prévention et la gestion des conflits sociaux dans le respect des lois, règlements et conventions collectives, le renforcement du processus démocratique, la bonne gouvernance au sein de l’administration publique, le maintien de la paix sociale et de l’unité nationale, et la promotion des relations professionnelles dans les services, entreprises et établissements ». Mais très tôt les signataires du document ont déchanté. Au lendemain de cette signature, dans plusieurs structures de l’administration publique, des mouvements de grèves sont déclenchés par les travailleurs. Par ailleurs, entre le gouvernement et le patronat, ce n’est pas non plus la lune de miel.

Le comble

Le comble est la suspension par les centrales syndicales de la séance tenue mercredi 31 mai 2017 avec une délégation des membres du gouvernement conduite par le Ministre Abdoulaye Bio Tchané. Cette rencontre était initiée par le gouvernement pour poursuivre les négociations avec les partenaires sociaux. Mais avant la fin de la séance, tous les représentants des centrales et confédérations syndicales se sont retirés. Et selon un communiqué de la Cstb, adressé aux travailleurs et au peuple béninois à cet effet, les centrales syndicales dénoncent la poursuite des réformes du gouvernement consistant à liquider de façon systématique tous les services publics notamment, l’affermage des parcs W, Pendjari et des hôpitaux de zone de Djougou, Covè et de Ouinhi; la mise en concession de la Sbee ; la privatisation du garage central de l’Etat pompeusement appelée leasing ; la fermeture des universités publiques et l’élévation des frais d’inscription dans des facultés et écoles ; la suppression de la subvention des frais d’écolage pour les élèves filles à partir des classes de seconde ; le déguerpissement des petits commerçants et artisans et l’instauration des examens nationaux aux étudiants des universités privées en violation des règles du Cames et du Lmd tant prônées par le gouvernement lui-même. Et toujours selon le communiqué, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la décision de mettre en concession, le Centre hospitalier et universitaire de Cotonou. Ce boycott collectif de la rencontre par les partenaires sociaux vise donc à exiger l’arrêt des privatisations au développement rural, à la santé et dans tous les secteurs ; le retour des sociétés privatisées dans le giron de l’Etat et la réhabilitation des travailleurs licenciés ; la satisfaction des revendications des travailleurs, tous secteurs confondus. Aux vues de ce qui précède, l’on peut affirmer sans ambages que les acteurs sociaux sont allés un peu trop vite en besogne en accordant autant de crédit au gouvernement Talon. Un gouvernement qui, depuis son avènement, met en œuvre des réformes jugées hostiles aux populations dont le pouvoir d’achat ne cesse de s’amenuiser. Essè Iko était voué aux gémonies pour n’avoir pas signé cette charte. Mais les faits semblent le conforter dans sa position car rejoint par les 6 autres centrales signataires. Le Sg/Cstb était simplement un visionnaire qui fait preuve de lucidité dans les actes qu’il pose. Il est vrai, l’action syndicale doit privilégier le dialogue et la négociation, mais vigilance et rigueur doivent être de mise.

Th. A.
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