Le Bénin comptait 7 universités à savoir l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), l’Université de Parakou (UP), l’Université Polytechnique d’Abomey (UPA), l’Université d’Agriculture de Kétou (UAK), l’Université de Porto-Novo (UPN), l’Université des Sciences, Arts et Techniques de Natitingou (USATN) et l’Université de Lokossa (UL). Depuis avril 2016, le gouvernement a redéfinit la nouvelle carte universitaire par décret n° 2016-208 du 04 avril 2016 portant création, attributions, organisation et fonctionnement des Universités Nationales du Bénin (UNB) et 4 universités publiques existent désormais au Bénin. Ce changement a fait naître beaucoup de réformes dans le secteur de l’enseignement supérieur surtout au niveau de l’Université Nationale d’Agriculture. Cet article est un droit de réponse à l’article intitulé « Réformes dans les universités : Talon sacrifie toute une génération de béninois » publié à la page 11 de la parution N° 0705 du Mardi 23 mai 2017 du quotidien béninois d’Information, d’Analyse, d’Investigation et de Publicité « Matin Libre » afin d’apporter quelques clarifications à l’opinion publique pour rétablir la vérité.
Les immobilisations incriminées dans la parution.
La nouvelle carte universitaire présente 4 universités publiques, dont 2 universités pluridisciplinaires et 2 universités thématiques. L’Université de Parakou (UP) et l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) sont les deux universités pluridisciplinaires pendant que l’Université Nationale des Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques (UNSTIM) avec siège à Abomey et l’Université Nationale d’Agriculture (UNA) dont le siège est à Porto-Novo sont les deux universités thématiques. Cette dernière a hérité des immobilisations et du personnel de l’UAK et l’UPN. Les différentes formations à l’UAK sont rattachées à l’UNA. Le rectorat de l’UNA est basé à Porto-Novo, pendant que le vice-rectorat est basé à Kétou. L’article en question stipule que « le propriétaire du rectorat de Porto-Novo réclame une somme de 4 millions le mois pour la location du bâtiment » alors qu’il n’en a jamais été question car le bâtiment coûte en réalité trois cent quarante cinq milles (345000F) par mois pour une vingtaine de bureau et une salle de réunion au lieu de 15 bureaux dont parle l’article.
Dans le même article, on peut lire « rectorat construit à Awaï dans la commune de Kétou qui est délaissé dans la brousse ». Il est important de rappeler que le site en question est aux mains de l’entrepreneur et aucune réception même provisoire n’est faite. Les travaux sont encore en cours et aucune administration n’a encore intégré à ce jour le bâtiment, ni au temps de l’UAK, ni au temps de l’UNA. Il existe déjà un plan d’occupation de ce bâtiment et l’UNA n’attend que la réception du bâtiment pour l’occuper.
Les mutations au niveau de la formation incriminée par la parution.
L’auteur de l’article en question semble ne pas cerner correctement les réformes apportées dans le système de formation. Au niveau de l’UNA, les anciennes écoles qui existaient sous l’UAK ont été maintenues mais cette fois-ci avec un réaménagement pour donner une base agronomique solide à tout étudiant inscrit à l’UNA. Avec l’ancienne configuration, l’étudiant qui rentre à l’université d’agriculture allait directement en spécialisation. Par exemple, si l’étudiant choisit de faire l’Ecole de Gestion et d’Exploitation des Systèmes d’Elevage (EGESE), il n’est pas censé posséder jusqu’à sa sortie une bonne connaissance de la production végétale, ni de la nutrition et des sciences agroalimentaires. Il obtient donc une licence professionnelle qui ne reflète pas la thématique agronomique attribuée à l’université. Il en est de même de l’étudiant inscrit à l’Ecole de Machinisme Agricole et de Construction Mécanique (EMACoM). Cet état de chose constitue une grave entrave à la compétence professionnelle des diplômés sur le marché de l’emploi et même pour l’auto-emploi. Ceci amène à une spécialisation précoce des étudiants sans la compétence nécessaire pour être de vrais agronomes.
C’est alors qu’il a été institué dans la nouvelle configuration de l’UNA le Cycle d’Agronomie Générale (CAG) où tout étudiant inscrit en licence professionnelle passera deux ans pour des compétences transversales à toutes les disciplines de l’agriculture. Toutes les matières de base en agronomie sont enseignées, avec des travaux pratiques, des sorties pédagogiques et stages. Le CAG permettra désormais aux étudiants d’avoir une base agronomique solide pour être compétitif sur le marché du travail. Un étudiant qui sort d’une université d’agriculture doit normalement être à même de toucher à tous les autres domaines de l’agriculture même s’il est spécialisé dans un domaine précis. Admettons par exemple que l’étudiant qui sort de l’école d’horticulture n’a aucune notion du machinisme agricole, qu’il installe néanmoins une ferme et qu’il a une panne légère sur un tracteur, il sera obligé de suspendre toute activité en attendant que le spécialiste de machinisme agricole ne vienne le dépanner. Dans le système actuel, il peut déjà détecter les pannes légères et continuer à travailler et ne fera appel au spécialiste du machinisme que lorsque la panne est assez grave. Il en est de même de l’intégration de l’élevage à son exploitation. L’ancien système de formation ne permettait pas aux étudiants d’être des agronomes complets et c’est ce dysfonctionnement que la nouvelle configuration mise en place dans la formation tente de corriger. Il y a une grande différence entre la spécialisation et la compétence. Etre spécialisé ne veut pas nécessairement dire que l’on est compétent. Car, il est des domaines de formation où il est nécessaire de posséder une bonne dose de compétences transversales avant spécialisation. C’est le cas en médecine et en agronomie. Un agronome qui ne connaît que les végétaux est un mauvais agronome, tout comme un médecin qui ne connaît que les yeux est un mauvais médecin.
C’est pourquoi, en médecine, quelle que soit la spécialité souhaitée par l’étudiant, il ne commence jamais la spécialisation à partir de la première année. Celui qui veut être chirurgien ou ophtalmologiste passe nécessairement par une formation de base de sept ans en médecine générale avant la spécialisation. La nécessité d’une solide formation de base en médecine tient au fait que le corps humain est un « tout cohérent » que doit connaître tout médecin. Il en est de même en agronomie où l’exploitation agricole est aussi un tout cohérent que l’exploitant ou le spécialiste doit savoir manager.
Pour conclure,
Je tiens à remercier la rédaction du journal MATIN LIBRE pour s’être intéressé à l’UNA. Mon article loin d’être une flèche lancée contre tout ce qui est fait permet plutôt de rendre visible les efforts faits au niveau de l’UNA pour mettre sur le marché béninois et international une nouvelle génération d’agronomes. Ce droit de réponse vise tout simplement à éclairer les lecteurs sur les points d’ombre perceptible dans l’article que le Journal « Matin Libre » a publié sur l’UNA.
La Cellule de Communication de l’UNA