La question sociale préoccupe toujours les partenaires sociaux. La crainte d’assister impuissamment à une privatisation et une perte des emplois tenaille les syndicats qui haussent une fois encore le ton. Dialogue social en panne ?
Pourtant, il y a quelques mois, on croyait au sortir de l’audience avec le Chef de l’Etat que tout allait pour le mieux. L’optimisme affiché par les responsables des centrales et confédérations syndicales laissait présager d’un apaisement relativement long du climat social. Tout conviait à l’espérer mais il semble que la crainte des partenaires sociaux par rapport à la récurrente question de la sauvegarde des acquis sociaux n’a pas été aplanie. Au cours de leur sortie du mercredi 31 mai 2017, ils sont revenus plus largement sur ces questions qui avaient justement inspiré leur rencontre avec le Chef de l’Etat. La question de la privatisation des structures nationales sans égards à la prise en compte des doléances des travailleurs était pratiquement le plat de résistance de cette sortie. « Au plan économique, on assiste au licenciement massif et l’érosion du pouvoir d’achat des concernés contrairement à la position du Chef de l’Etat lors des deux rencontres avec les organisations syndicales où il affirmait qu’aucun travailleur ne se retrouvera dans la rue du fait des privatisations et liquidations », ont-ils fait savoir. Les syndicats indiquent avec certitude que le gouvernement n’a pas bougé d’une ligne dans sa volonté affichée au cours de la rencontre de sauver les emplois perdus dans le processus de réformes.
Les partenaires sociaux condamnent la politique gouvernementale caractérisée par ce qu’ils appellent une violation flagrante de la charte nationale pour le dialogue social et l’inefficacité du dialogue social dans presque tous les secteurs de l’administration publique, notamment dans les ministères. La litanie des critiques acérées à l’endroit du gouvernement est sans fin. Les partenaires sociaux sont mécontents et condamnent le défaut d’assurance du gouvernement. Le silence les inquiète et ils haussent le ton.
On ne trouvera pas vraiment à dire sur cette démarche qui reste fondamentalement syndicaliste. Lorsque le silence est pesant et que les rendez-vous périodiques de dialogue se font rares, les partenaires sociaux montent toujours l’adrénaline pour se faire entendre. Ceci est un fait, mais le défaut de dialogue aussi peut plomber la bonne foi du gouvernement. On peut parier sur sa volonté à éviter le crash social (avec la perte massive des emplois) mais une fois encore, il faudra bien qu’il le fasse savoir. Un dialogue permanent avec les partenaires sociaux et une explication détaillée des actions menées permettra de dissiper ces craintes des syndicalistes et rassurer les travailleurs. Lorsqu’ils n’auront pas de réponse à servir à leurs militants menacés par le quotidien du fait de leurs emplois en souffrance, les syndicalistes se feront toujours entendre. Les rendez-vous périodiques instaurés à travers le cadre de dialogue gouvernement-syndicats étaient un excellent cadre pour prévenir ces incompréhensions. Il faudra les pérenniser. L’apaisement de la tension sociale en dépend.
Abdourhamane Touré