Presque tous les secteurs d’activités connaissent de réelles difficultés au Bénin. En 14 mois de gestion, Patrice Talon a créé plus de problèmes qu’il n’en a résolus. Les voyants sont au rouge.
Il n’y a plus de semaines où on n’enregistre des plaintes dans le rang des travailleurs. Sous Patrice Talon rien ne va. Depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir, les grognes s’enchainent. A la police nationale par exemple, le moral est bas. Alors que le gouvernement avait annoncé que des primes importantes ont été mobilisées pour soutenir les efforts des fonctionnaires de police, le Secrétaire général du Syndicat national de la police (Synapolice), Séverin Clément Akiyè a montré que ça n’allait pas du tout. « On continue sans prime, sans quoi que ce soit. C’est dur, mais on fait avec… », avait-il déclaré, il y a quelques semaines. Chez les pétroliers, c’est la crainte. Le Syndicat des travailleurs de la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Syntra-Sonacop) a, le 1er juin dernier ,dénoncé les agissements « malicieux » du président du conseil d’administration de ladite structure. « Le président du conseil d’administration, personne responsable des marchés publics fait de l’amalgame qui aboutit au blocage des dossiers de la Sonacop », a fait savoir Liamidi Soumanou, secrétaire général du Syntra-Sonacop. A l’entendre, le Pca bloque sans raison valable l’appel d’offre relatif à l’acquisition de nouveaux ascenseurs pour le compte du siège de la direction générale de la Sonacop. Il serait également le responsable du blocage de la rentabilité de l’entreprise. Au Port autonome de Cotonou, des travailleurs redoutent une privatisation sauvage. Ils fustigent un avis d’appel public à candidature lancé par le gouvernement il y a peu. Cet appel public devrait permettre de recruter un mandataire à qui sera confiée la gestion du Port. Les portuaires qui ont flairé une privatisation sauvage, tirent déjà la sonnette d’alarme. « Le Port n’est pas à vendre », ont clamé certains agents qui menacent de se battre pour protéger ce patrimoine public.Même climat social au Centre Hospitalier et Universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-Hkm). Les travailleurs comptent paralyser toute la maison. Les médecins contractuels et conventionnés du Cnhu-Hkm réclament entre autres la prime de spécialisation, l’indemnité de logement et l’indemnité d’expertise. Ils vivraient dans des conditions déplorables selon les témoignages. L’autre crise qui secoue le monde des travailleurs, c’est la collaboration difficile entre le ministère de l’Enseignement supérieur et les établissements privés de l’enseignement supérieur (Epes).Les Epes ne digèrent pas en effet la décision du gouvernement visant à organiser des examens nationaux aux niveaux Licence et Master sur une période transitoire de trois ans. Ils crient à l’injustice. Les étudiants des universités privées manifestent également depuis quelques jours contre cette mesure de la Rupture
Des mouvements sociaux ?
Les centrales et confédérations syndicales ne sont pas non plus satisfaites de la gestion de Patrice Talon. Elles fustigent la dégradation du niveau de vie depuis avril 2016. Elles dénoncent en effet la précarité des travailleurs, les licenciements massifs, le vote de lois scélérates sur l’emploi, la désarticulation de la fonction publique et la privatisation progressive de la fonction publique. A en croire, les leaders syndicaux, Patrice Talon n’a pas de bilan positif. Il n’a fait que détruire depuis qu’il a succédé à Yayi Boni. Une crise générale couve donc. Il est à craindre que des mouvements sociaux éclatent si la Rupture ne change pas de politique sociale. En réalité, les choix du Chef de l’Etat ressemblent bien à ceux d’un vrai capitaliste obnubilé par le souci du gain. Les plaintes se font persistantes. C’est la déception générale dans le rang des travailleurs 14 mois seulement après le départ de Yayi Boni. Les choses vont de mal en pis. Et le Béninois ne pourrait rester indéfiniment calme face aux mesures sauvages adoptées et appliquées par un petit groupe.
Mike MAHOUNA