(L’urgence de réorganisation s’impose)
« Le cinéma béninois se porte très mal quand bien même il y aurait des notes d’espoir » déclare le scénariste, comédien et réalisateur, Ignace Yètchènou, actuel Directeur général adjoint du Centre national du cinéma (Cnc). Et le constat est réel. Dans le paysage cinématographique béninois un désert de productions saute à l’œil, ou plutôt ce sont des productions de piètre qualité qui embrassent le premier venu des kiosques de distribution des œuvres discographiques. Enfin un spectacle désolant qui ne laisse entrevoir aucune chance de rayonnement au 7ème art béninois.« On a un circuit de distribution amateur » accentue le responsable dans un entretien qu’il a accordé au quotidien de service publique, La Nation en mars dernier.Ainsi, a-t-il voulu pointer du doigt les réalités qui enlisent l’essor le cinéma au Bénin. À l’en croire, en dehors de ces difficultés, le milieu a besoin d’assainissement, car tout est mélangé. « Au Bénin, tout le monde est réalisateur, ce titre conférant toutes les prérogatives dans la chaîne de production de l’œuvre. Donc, tout le monde est réalisateur alors que ce n’est pas qui veut qui fait la réalisation. C’est au minimum trois ans d’études universitaires après le baccalauréat, voire cinq ans. Cependant vu l’évolution des choses au Bénin, il suffit de tourner dans un coin avec tous les défauts possibles et l’on se décrète réalisateur. Le domaine cinématographique est complexe. Ce n’est pas pour rien que l’on parle d’industrie cinématographique parce qu’il a plusieurs cloisons, l’ossature est là. Plusieurs corps de métiers s’y trouvent. Par exemple, il y a les producteurs qui s’occupent de la recherche des financements des œuvres ; il y a les réalisateurs qui sont les responsables artistiques de la production ; il y a les scénaristes, les acteurs, les costumiers et autres. Pourtant, au Bénin on ignore toutes ses composantes. Si on était dans un système hospitalier, cet état de chose s’explique par l’échange de rôle, c’est-à-dire qu’on observe des garçons de salle devant procéder au nettoyage des lieux devenir de grands praticiens au point d’intervenir sur des malades. C’est ainsi que se décrit le cinéma béninois en ce moment. Or, tout le monde a son rôle à jouer. C’est pourquoi nous pensons que, dans un Bénin ambitieux tel que le Bénin d’aujourd’hui où de grands coups sont donnés dans la fourmilière par rapport à moult pratiques, il faut saisir cette opportunité pour assainir le domaine cinématographique. D’ailleurs, c’est notre ambition à la tête de la structure que nous dirigeons », dénonce le directeur général adjoint du Cnc.
Déjà un grand pas…
« Dans tous les pays sérieux du monde, le cinéma est géré par un centre national. Pendant longtemps au Bénin, le cinéma a été géré par une direction technique à savoir : la direction de la cinématographie. Une direction technique est une direction technique, car elle est vraiment sous ordre. Alors qu’un centre est une structure autonome qui a un conseil d’administration. Si on lui trouve un bon chef avec de nobles ambitions dans le domaine, le centre réalisera des exploits. Ainsi, je pense qu’un centre est plus adapté dans la prise en charge de l’administration cinématographique d’un pays. Ceci d’autant plus que pour parler de partenariat, les pays ayant un centre nourrissent plus d’engouement. Les artistes ont la spécificité d’être orgueilleux. Ils s’entendent plus facilement entre eux qu’avec des structures étatiques. Donc, le Centre national du cinéma et de l’image animée qui a été créé par l’actuel gouvernement montre l’attachement des dirigeants à l’éclosion du cinéma béninois. C’est vrai que nous sommes à l’étape de la création mais après l’installation de toutes les structures dans le domaine, les ambitions s’imposent à nous. A ce propos, nous devons faire preuve d’audace pour que les réformes nécessaires s’opèrent. Mais il y a de l’espoir. J’en veux pour preuve le prix obtenu au Fespaco par notre compatriote Sylvestre Amoussou ».
Teddy GANDIGBE