16 députés de la minorité parlementaire, considérés comme tels pour avoir voté contre le projet de loi portant révision de la Constitution du 11 décembre 1990, ont prêté hier, aux chants d’oiseaux de Cotonou, une oreille attentive aux doléances des agents permanents, contractuels et conventionnés, licenciés dans les structures publiques, liquidées sous le régime du Nouveau départ. Il s’agit notamment des députés membres des groupes parlementaires, ‘’La voix du peuple’’ que préside l’honorable Issa Salifou, et ‘’Le peuple d’abord’’ que dirige le député Garba Yaya.
1041 agents des Centres agricole régional pour le développement rural (Carder), 46 de la Centrale d’achat des intrants agricoles (Caia), 30 de l’Office national de soutien des revenus agricoles (Ons), 319 de la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra), 36 agents de l’Agence béninoise de sécurité sanitaire des aliments (Abssa), 52 agents de l’ex Commission d’appui à l’obtention des titres fonciers (Cnatf), des dizaines de l’Office national d’appui à la sécurité alimentaire (Onasa) et de l’Agence de développement de la mécanisation agricole (Adma)… sans compter bien sûr les 1003 agents contractuels remerciés au Ministère de l’agriculture. La liste n’est pas exhaustive en ce qui concerne le point des agents licenciés pour motif économique, à cause du processus de liquidation des sociétés et offices d’Etat, entrepris par le régime du Nouveau départ.
Mais, c’est en substance, les chiffres qu’on retient de l’audition publique des agents victimes des réformes en cours dans l’administration publique. Et à l’occasion, les élus des groupes parlementaires, ‘’La voix du peuple’’ et ‘’Le peuple d’abord’’ ont recueilli leurs préoccupations afin de mieux exercer dans ce cadre leurs prérogatives constitutionnelles de contrôle de l’action gouvernementale. « Plusieurs structures de l’Etat sont en difficultés du fait de la politique de liquidation, de suppression ou de concession mise en œuvre par le gouvernement. Nous sommes venus vous écoutez pour avoir des sources fiables et des éléments valables pour discuter avec le gouvernement que nous allons interpeller… », a déclaré l’He Garba Yaya à l’ouverture des débats.
Ainsi, à tour de rôle, Bernard Avomakpe, Secrétaire général, représentant le personnel licencié au Carder, Kamar Wassangari de la Sonapra, Célestin Agbazin de l’Ons, Flavien Adoun de l’Onasa et leurs pairs ont présenté aux députés, le tableau des préjudices que subi le personnel licencié dans ces différentes structures de l’Etat, et déploré, à l’unanimité, le non payement des droits et des arriérés de salaires, avant d’exiger un déploiement des agents concernés dans les agences créées. « Qu’est ce que nous avons fait à ce régime ? Des foyers sont disloqués. Des enfants avortés. Des décès enregistrés. Des agents mourants… Sommes-nous vraiment au Bénin ? On lance un nouveau recrutement de 34 agents alors qu’on en a licencié 36. Nous exigeons le payement de nos arriérés de salaire et de nos droits de licenciement. Nous sommes meurtris… », a laissé entendre le représentant de l’Agence béninoise de sécurité sanitaire des aliments.
Sur les lèvres des représentants des travailleurs, le discours est le même. Parfois, c’est au bord de larmes que certains expriment leur désolation et la misère des familles depuis la surpression de ces emplois. « Que les Carder soient rétablis dans leur rôle régalien. Les 1041 agents remerciés sans droits ont contribué à la production cotonnière record actuelle. Que l’emploi soit sécurisé… », recommande Bernard Avomakpe du Carder. Et au dela des structures déjà en souffrance d’autres craignent la menace, notamment le Port autonome de Cotonou (Pac) dont la gestion sera confiée à un mandataire, la Sobemap qui se voient dépouiller peu à peu de ses attributions notamment la manutention, et l’Asecna qui est déjà sous le feu de rampe qui brandit d’aller de recourir à la grève si les choses restent en l’Etat. En somme les travailleurs exprimé leur mécontentement et dénoncé une déstructuration totale de l’administration publique. Pour l’He Issa Salifou : « Le Bénin est malade. Je disais que j’ai fais un combat, mais en réalité j’ai perdu mon temps. Qu’il vous souvienne que nous avons fait un combat pour mettre Houngbédji au perchoir contre des gens avec qui nous sur cette même table aujourd’hui. Nous sommes responsables nous qui avons contribué à amener ce régime, mais je ne pense pas que nous avons fait ça pour tout ce mal que subit le peuple. Nous allons jouer notre partition mais la décision revient à l’exécutif ». Il ne sera pas le seul a exprimé son amertume face au tableau présenté par les travailleurs. « Il y a un drame social que se joue dans notre pays. Regarder le nombre d’emploi formel sacrifiés en 12 mois, et ne parlons pas des emplois informels des gens qui ont été cassés. Nous allons encore intensifiés les questions au gouvernement. Nous allons prendre langue avec quelques ministres et si possible échangés avec eux dans leur cabinet. Toute réforme qui ne met l’homme au centre est vouée à l’échec… et nul ne peut être plus fort qu’un peuple enragé », a déclaré l’He Valentin Djènontin.
Etaient présents les députés : Amadou Issifou, Dafia Abiba, René Bagoudou, Atchanou Nourenou, Codjo Simplice, Valentin Djènontin, Issa Salifou, Garba Yaya, Guy Mitokpè, Idrissou Bako, Justin Adjovi, Léon Degny, Bah Guéra Chabi, Sanni Gounnou, Léon Basile Ahossi et Jean Marie Allagbé.
Les agents des structures du Maep en liquidation, les agents licenciés dans les directions du Ministère de l’économie et des finances, et autres administrations publiques.
Pour les initiateurs, cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la mission de représentativité des parlementaires. Elle vise à recueillir les doléances des travailleurs afin de mieux les défendre au près du gouvernement.
Ce sont les députés ayant rejetés le 4 avril dernier, la recevabilité du projet de révision de la constitution
Guy Mitokpè
C’est un peu difficile d’entendre tout ce que nous avons entendu. La question de l’emploi est une question essentielle pour toutes les Nations. Il s’agit pour nous maintenant de choisir le camp de la République
Idrissou Bako
La moisson est abondante. Nous sommes venus faire un constat. Ce n’est pas de la politique, c’est une question républicaine. Je retiens trois aspects.
Le contexte juridique avec les conflits entre des dispositions des lois ordinaires, des décrets et des arrêtés. C’est un cafouillage. En matière de développement on a trois secteurs à savoir, le primaire, le secondaire et le tertiaire. Or ici c’est l’agriculture, dont le poumon constitue les différentes structures (carder…) qui se retrouve dans une situation de privatisation sauvage. Nous n’avons pas un secteur secondaire digne du nom. Mais au niveau du secteur tertiaire, je constate le même élan de privatisation, car la plateforme portuaire est attaquée. Nous allons jouer notre partition.
Nous avons décidé de rester du côté du peuple pour dire non et arrêter la saignée. Les syndicalistes aussi n’ont qu’à jouer leur partition.
Issa Salifou
Le Bénin est malade. Je disais que j’ai fais un combat, mais en réalité j’ai perdu mon temps. Qu’il vous souvienne que nous avons fait un combat pour mettre Houngbédji au perchoir contre des gens avec qui nous sur cette même table aujourd’hui. Nous sommes responsables nous qui avons contribué à amener ce régime, mais je ne pense pas que nous avons fait ça pour tout ce mal que subit le peuple. L’Assemblée nationale va dénoncer. Nous allons jouer notre partition mais la décision revient à l’exécutif. Nous allons voir la formule pour discuter pour qu’il y ait un résultat.
Valentin Djènontin
Nous n’avons pas perdu notre temps… Nous avions des brides d’informations mais durant cet exercice nous été abattu. Il y a un drame social que se joue dans notre pays. Regarder le nombre d’emploi formel sacrifiés en 12 mois, et ne parlons pas des emplois informels des gens qui ont été cassés. Nous allons encore intensifiés les questions au gouvernement. Nous allons prendre langue avec quelques ministres et si possible échangés avec eux dans leur cabinet. Toute réforme qui ne met l’homme au centre est vouée à l’échec… et nul ne peut être plus fort qu’un peuple enragé. Ce n’est pas la politique mais il s’agit du capital humain.
Simplice Codjo
J’ai le cœur meutri par rapport à ce que j’ai entendu. Et le régime actuel qui fait tant de mal aux Béninois c’est nous qui l’avons cherché et c’est nous qui avons trouvé. Que chacun prenne ses responsabilités parce que le Bénin c’est pour nous tous.
Garba Yaya
Les fruits ont tenu la promesse des fleurs. On a pas regretté.