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Entretien avec le Préfet Toboula sur le relogement des déguerpis des espaces publics: « Nous sommes prêts, il revient à la mairie de trouver des sites d’implantation »
Publié le vendredi 9 juin 2017  |  L`événement Précis
Modeste
© aCotonou.com par DR
Modeste Toboula, le Préfet du Littoral




Le préfet du département du Littoral, Modeste Toboula, est sorti de son mutisme. Plusieurs mois après avoir conduit de main de maître, l’opération de libération des espaces publics qui a suscité un tollé dans la ville de Cotonou, le préfet s’est prononcé sur plusieurs points relatifs à l’après-déguerpissement. Dans les micros de Frisson-radio, hier jeudi 8 juin 2017, Modeste Toboula fustige la stratégie avec laquelle la mairie de Cotonou a procédé au relogement des victimes de cette opération, dans certaines contrées de la ville. Les populations pourront espérer une amélioration de cette situation à condition que la mairie se décide à trouver des sites d’implantation des marchés et de relogement pour les personnes victimes de l’opération. Lisez plutôt
Frisson Radio : Est-ce que les gens que vous avez déguerpis ont été relogés puisque vous avez promis construire des marchés?
Modeste Toboula : C’est la démarche la plus durable, la plus respectueuse de la personne humaine. C’est de mettre en place un investissement durable qui prenne en compte l’amélioration de leur cadre de vie. Ce que j’ai vu faire à Gbèdjromèdé n’est pas un relogement. C’est une insulte à la population et une manière de dissiper les ressources. Vous avez légalisé l’installation anarchique des gens en prenant des taxes, ce qui, du point de vu du droit, est une faute détachable de personnalité qui nécessite une poursuite. Aussi, vous avez installé les gens dans un endroit insalubre, créant une « bombe écologique ».
En clair, les gens doivent attendre encore un peu, puisque cela nécessite des ressources ?
Le chef de l’Etat s’est investi personnellement à mobiliser et obtenir le financement qui est déjà disponible pour la construction des marchés.
Ça démarre quand ?
Ça peut démarrer tout de suite si la mairie le décide. Au regard des dispositions de la loi 2013 relative au code domanial en République du Bénin, c’est la mairie qui gère le patrimoine foncier. Il lui revient de trouver les sites d’implantation des nouveaux marchés et de relogement de ceux qui ont été déplacés.
Vous êtes un préfet bâtisseur ou démolisseur ?
Il est difficile de parler de soi. Nous sommes dans la dynamique de construire. La nuance, c’est que les Béninois veulent qu’on fasse du saupoudrage, du sensationnel. Les Béninois aiment l’émotionnel, ce qui fait qu’on ne s’est jamais attardé sur les maux qui minent notre développement. Nous avons toujours conduit le pays avec l’émotion populaire. Le président Talon n’est pas resté dans le néant pour venir dans la politique. Quelqu’un qui s’est habitué à travailler dans la production cotonnière et qui connait aujourd’hui les rouages de l’administration publique, les maux dont nous souffrons au niveau de l’administration. Lorsque vous avez quelqu’un de cette trempe qui veut creuser plus en profondeur, pour un développement plus durable, il faut l’accompagner.
Savez-vous qu’en peu de temps, vous vous êtes fait peu d’amis, ce qui réduit votre popularité à Cotonou ?
J’appartenais à un mouvement, le Mouvement pour la promotion du programme d’action du gouvernement. Quand nous avons rencontré le président Kérékou à la présidence de la république, il disait : Quand on vous critique au Bénin, vous êtes sur le bon chemin. Je suis jeune d’âge mais j’ai une carapace très lourde. J’ai été syndicaliste pendant près de dix ans et ce n’est pas rien. Je ne suis pas l’homme qu’on peut influencer et dont on peut toucher facilement le moral. J’écoute beaucoup. Aucun être humain ne peut avoir la prétention de bien faire tout le temps. Il peut arriver que certaines actions frustrent mais quand c’est le cas, on rectifie le tir. Nous n’avons pas la science infuse. Ce n’est pas qu’on ne peut pas se mettre dans la peau des autres, nous sommes bien conscients que nous vivons dans un milieu social. Et On ne peut pas choisir de faire mal à ses concitoyens parce qu’on vit parmi eux. On ne peut, non plus, nous enlever notre rigueur et notre détermination à faire de ce pays, quelque chose d’attrayant.
Si le chef de l’Etat décide, dès demain, de vous limoger, êtes-vous préparé à cela ?
Savez vous que j’ai risqué tout le temps ce limogeage ? Je ne suis pas quelqu’un qui m’accroche à un poste et si c’était le cas, je n’allais pas faire ce qui s’est fait. Dans ma tête, je suis libre parce que ma conviction spirituelle est intacte et inébranlable. Vous n’êtes rien sans Dieu. Personne ne connait le plan de Dieu et, en tant que chrétien, je suis convaincu de ce que j’irai de gloire en gloire. Je n’ai pas à craindre un poste. Si je perds un poste, j’en ai mille de retrouver au Bénin ou ailleurs. Si demain, le Chef de l’Etat qui m’a confié ce poste, en décidait autrement, quel que soit le sens dans lequel il va le faire, je lui resterai toujours loyal. Ce n’est pas évident qu’on fasse confiance en la jeunesse d’aujourd’hui en lui confiant des niveaux de responsabilité du genre. Bon gré, mal gré, que ça soit bien fait ou mal fait, il faut quitter à un moment donné. Je me refuse d’agir en fonction de mon fauteuil. Je fais selon les recommandations de mon patron. Je suis en harmonie avec mon cœur, mon corps et mes convictions spirituelles. C’est Dieu qui se charge du reste.
Le Président Talon vous a nommé pour combien de temps ?
Un poste de nomination n’est pas un mandat. Je suis préfet de 24 heures renouvelables. Demain matin, je peux ne pas être préfet mais je veux que mes 24 heures passées soient de bonnes heures. Si demain, on me renouvèle les 24 heures, j’évoluerai. Mais si on me les retire, j’aviserai et le monde évolue.

Entretien transcrit par Rastel DAN (l’évènement précis)
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