La création du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp), jeudi 11 mai 2017, était l’une des surprises de l’actualité au plan national. La surprise sera plus grande dans le rang des Béninois, lorsqu’ils virent à la tribune de l’Hémicycle, le député Mathurin Coffi Nago, lire la déclaration officialisant la naissance de ce regroupement de 59 députés,« qui a pour vocation de soutenir résolument le gouvernement du président Patrice Talon dans la mise en œuvre de sa politique de développement ». Oui, c’est le professeur titulaire qui a prêté sa voix à la lecture de la déclaration. Cela a étonné et dérangé plus d’un, mais aux dernières nouvelles, l’élu de la 18ème circonscription électorale a dû s’expliquer à son groupe politique. Il a agi sur instance de celui à qui le soutien du Bloc a été déclaré. Mathurin Coffi Nago, enseignant de rang magistral des Universités, deux fois président de l’Assemblée nationale, c’est-à-dire deux fois deuxième personnalité de l’Etat sous la bénédiction de l’ancien chef de l’Etat,Yayi Boni, beaucoup ne s’en reviennent pas. Qu’il soit confiné aux seconds rôles après son simple statut de député qu’il a dû auréoler, heureusement, avec un titre de président de groupe parlementaire que certains de ses collègues ont dû lui concéder pour qu’il sauve la face. Mais il faut comprendre Nago dans cette posture avilissante. En effet, à part Me Adrien Houngbédji, plusieurs fois président du Parlement qu’il dirige encore aujourd’hui, il y a Bruno Amoussou, Kolawolé Antoine Idji et Mathurin Nago qui sont aussi des anciens présidents de l’institution. Le premier étant visiblement le premier allié politique déclaré du président de la République, après son élection à la magistrature suprême, il est clair que l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur se trouve obligé de faire des pieds et des mains pour exister. Et pour y arriver, on peut observer qu’il y a comme une guerre de leadership avec le président de l’Union fait la Nation, Kolawolé Idji dont le groupe parlementaire a connu ces derniers temps, quelques turbulences avec le vote par « Non » et par « Abstention » de certains de ses membres au sujet du projet de révision de la Constitution rejeté. Ce qui se susurre aussi est qu’en dehors d’Adrien Houngbédji, Mathurin Nago ne serait pas loin du noyau qui pousse le chef de l’Etat au remaniement de son gouvernement. Parlant de remaniement, le professeur Nago pourrait s’en sortir avec la promesse d’un portefeuille ministériel au profit deson groupe politique. Cependant, à y voir de près, rien de nouveau sous le ciel ; quand on se souvient que dans un passé très récent, le même Nago était dans une pareille posture sous Yayi Boni. Nouveau président de la République, nouveau régime ; et le cycle recommence avec l’acceptation de toutes les humiliations possibles, est-on tenté de dire. Mais, la question qu’on peut se poser est de savoir si le « tout-puissant » Nago d’hier, a-t-il tiré les enseignements nécessaires du « pin-pan » qu’il a été sous le prédécesseur de Patrice Talon ? A peine un an de round d’observation, lui qui a soutenu le candidat Sébastien Ajavon aujourd’hui en disgrâce avec le pouvoir, et le voilà désormais dans les bras de Talon. Des fluctuations que nombre d’observateurs trouvent déshonorantes, eu égard à la stature et la carrure du natif de Bopa.
M.M