L’un des reproches faites au régime défunt, c’est la trop médiatisation de ses actions. « Le coton se cultivait à la télévision plutôt que dans les champs », avaient coutume de dire les détracteurs de Boni Yayi. Aujourd’hui, plus que le coton, c’est tout le Bénin qui se construit à la télé à travers la vulgarisation tous azimuts du Programme d’action du gouvernement (Pag).
Ce jour, mardi 13 juin 2017, ce sera le tour du ministre du Cadre de vie José Tonato de venir expliquer, sur les plateaux de la télévision nationale ce que réserve le Pag en ce qui concerne le secteur du cadre de vie des Béninois. La semaine écoulée, c’est son homologue de l’économie numérique qui s’est prêtée à l’exercice. Alors que des dossiers de fournisseurs d’accès internet, qui allaient résoudre les nombreux problèmes de connexion, traînent dans les couloirs de l’administration, Rafiatou Monrou est venue parler de la vision du gouvernement de faire du Bénin le quartier numérique d’Afrique. La semaine terminée, les week-ends, des délégations de ministres de la République investissent les villes et campagnes pour « vendre » le Pag aux populations de l’intérieur du pays. Ces sorties, à grand renfort de communications, se font sur le dos du contribuable béninois comme si le show médiatique de la cérémonie de présentation du Pag dans lequel des centaines de millions ont été engloutis ne suffisait pas.
Après 14 mois de gouvernance, le gouvernement de la Rupture continue de vendre du rêve aux Béninois. Mais la scène de week-end dernier à Allada est l’illustration de ce que les populations sont fatiguées de promesse. Dans une improvisation de mauvais goût du ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence Pascal Irénée Koupaki, « maman Yannick » a su exprimer le ressenti du citoyen lambda face à la morosité économique et la cherté des produits de première nécessité depuis le retour du Programme de vérification des importations (Pvi-Nv). Du coup, elle est devenue la star des réseaux sociaux. Que faut-il de plus pour signifier à ceux qui ont en charge la gestion de la cité que ça ne va pas. Les populations dont la misère s’est accrue ne veulent plus qu’on vienne leur dire ce qui sera fait mais ce qu’on a commencé par faire. Elles veulent, à défaut de voir le « Nouveau repas » sur le feu depuis avril 2016, en sentir au moins l’odeur. L’état de grâce est terminé. Ce n’est plus le moment de promettre ciel et terre mais d’agir. Le message de « maman Yannick a été on ne peut plus clair. Mais il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut rien entendre. Les ministres vont continuer leur défilé sur les plateaux de télévision. Les populations elles vont continuer de tirer le diable par la queue. Le Bénin où toutes les rues sont asphaltées, bien tracées, des marchés et centres de santé modernes, un cadre de vie sain, en un mot un Bénin où il fait bon vivre pour chacun et pour tous, c’est à la télé que les populations le voient. Leur quotidien est tout autre.
H.B