Entre le Bénin et le Nigeria, la méfiance est affichée. Pourtant, en réalité, ces deux pays collaborent énormément.
A priori, tout sépare le Bénin et le Nigeria. Le Bénin compte à peine dix millions d'habitants. Le Nigeria presque vingt fois plus. Ex-colonie française, le Bénin est francophone, alors que le Nigeria est anglophone. A cette barrière linguistique s'ajoutent les forts préjugés qui existent de part et d'autre.
« Nous sommes terrorisés à l'idée de mettre les pieds de leur côté de la frontière, le Nigeria est un pays beaucoup trop violent », estime une commerçante de Cotonou, Gisèle de Souza. Elle reprend ainsi une idée reçue en Afrique francophone selon laquelle le Nigeria serait l'une des terres les plus violentes du continent. La montée en puissance de Boko Haram au cours de la dernière décennie n'a rien fait pour améliorer cette réputation.
De leur côté, les Nigérians affichent volontiers un complexe de supériorité. « Nous sommes les Etats-Unis d'Afrique. Que pouvons-nous faire avec le Bénin ? Un pays aussi petit et peu développé ! », affirme John Okafor, médecin à Lagos. Une réflexion que l'on entend très souvent au Nigeria ; elle émane d'ailleurs le plus souvent de gens qui n'ont jamais mis les pieds de leur vie au Bénin.
Mais, au-delà des discours, les relations sont très développées. Parlé de part et d'autre de la frontière, le yorouba sert de lien entre les deux pays. Le Bénin a besoin de la puissance économique du Nigeria. Le Bénin est une zone de transit. Le port de Cotonou accueille de nombreuses marchandises destinées au Nigeria, à commencer par les voitures, même si l'Etat nigérian fait tout pour s'y opposer. Plutôt que d'acheter des véhicules dans leur pays, les Nigérians préfèrent les importer via le port de Cotonou et les faire acheminer en contrebande au Nigeria. Il s'agit de centaines de milliers de véhicules par an, il suffit de traverser la frontière pour s'en rendre compte.
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